Lord Justice Leveson

26 novembre 2012

Voir l’information hallucinante sur le rapport du « Lord Justice Leveson » qui à la demande de David Cameron, Premier Ministre d’Angleterre, exige un changement au niveau de l’application du code éthique journalistique qui a trop souvent été ignoré, tout en soulignant que la presse est un des gardiens de notre démocratie. Ce rapport concerne aujourd’hui l’Angleterre. J’espère que cette directive traversera très bientôt la Manche. 

Restons optimistes, et continuons la lutte contre la désinformation. 

Bien à vous, 

Charlotte

Propagande anti-israélienne

Publié dans le RTBF INFO – 26 novembre 2012

Pour Charlotte Gutman, spécialiste des relations publiques et vice-présidente du Comité de coordination des organisations juives, les messages caricaturaux sur les Israéliens et les Juifs compliquent la compréhension de la situation au Moyen Orient 

Les dérapages voire les actes antisémites deviennent de plus en plus fréquents en Europe. Et quand l’actualité au Moyen Orient s’embrase, alors les amalgames compliquent encore davantage la compréhension des faits. Ces informations résultent d’images biaisées et de caricatures, en particulier à propos des Juifs et des Israéliens. Comment en sommes-nous arrivés là ? C’est ce que je vais essayer d’expliquer à l’aide des outils éthiques de la profession des relations publiques qui malheureusement sont manipulés dans ce qui ressemble de plus en plus à une stratégie démoniaque dominant le conflit au Moyen Orient. 

Étude de cas: le fossé énorme entre la réalité et l’image biaisée d’Israël

Au cours des dernières années, des informations caricaturales sur les Israéliens, ont transformé Israël en  » Juif des Nations  » pour nombre d’Européens. Depuis la guerre de 1967, nous avons pu être les témoins d’une évolution dans la manière de présenter les informations sur le Moyen Orient, d’une manière tendancieuse induisant les équations binaires suivantes: bien vs. mal extrême, victime vs. agresseur, prôner la vie vs. prôner la mort, démocratie vs. dictature, paix vs. guerre et conflit vs. guerre, constructeurs vs. destructeurs, vérités vs. mensonges, etc. 

Nos esprits européens n’ont pas compris la situation réelle de ce petit territoire situé à seulement 4.000 km de Bruxelles. D’environ 23.000km², la grandeur de la Wallonie, les Israéliens ont toujours cru qu’être en règle avec leur conscience suffisait. Ils n’ont fait que peu de cas de leur image dans l’opinion publique internationale. Ils n’ont pas communiqué depuis le processus d’Oslo considérant que ce n’était plus nécessaire, que le monde entier les aimerait. Ils n’ont pas compris que leur silence laissait la place aux idées de leurs ennemis dans les medias. Entretemps, le virus anti-juif/israélien s’est répandu en ligne, en utilisant les nouveaux outils numériques avec une redoutable efficacité. Toute cette haine a envahi l’espace de la toile et atteint trop de personnes qui n’avaient pas les connaissances suffisantes des faits réels pour juger de manière objective. 

Et l’histoire est réécrite

Des mots lourds ou biaisés utilisés pour décrire la situation au Moyen Orient, ont induit de mauvaises interprétations et images. Par exemple utiliser le mot  » guerre  » quand il s’agit d’un  » conflit de basse intensité « , ou paix quand pèse la menace du Jihad islamique, territoires occupés plutôt que disputés, colonies vs. implantations,  » mur  » au lieu de barrière de sécurité (qui a sauvé nombre de vies), apartheid vs démocratie, sans oublier l’utilisation à outrance du “turnspeech”: un outil vicieux et important de propagande déjà utilisé par les nazis, incriminant l’ennemi de ce que l’accusateur commet lui-même. 

Le Traité de San Remo signé en 1920 a reçu l’accord unanime de la Société des Nations (l’ancêtre de l’ONU) pour établir un état juif sur la terre originelle d’lsraël. Ce Traité a été complètement oublié, comme l’ont été tant d’aspects réels de l’histoire juive dans la région. 

Il semble aussi que la traduction de l’anglais vers le français et d’autres langues de la résolution 242 des Nations Unies a entraîné – délibérément ou non – quelques interprétations erronées de mots-clefs avec pour résultat d’affaiblir la position d’Israël. En termes de négociations, restituer  » des  » territoires présente un sens différent de restituer  » les  » territoires. La première variante étant plutôt favorable à Israël, la seconde aux Palestiniens. 

La stratégie en amont de la campagne de propagande anti-israélienne

Le président de l’Iran a déclaré : “Israël doit être gommé de la carte du monde”. Pourquoi cette déclaration et pourquoi alors ? Probablement parce que l’opinion publique était prête à l’entendre. Elle avait atteint un niveau de  » maturité  » de lavage de cerveau par la manipulation d’informations tendancieuses distillées depuis des années. Certaines interprétations ont présenté les Israéliens comme des agresseurs alors qu’ils répondaient à des provocations. Les événements de ces derniers jours ne font que le confirmer. Plus de 1500 roquettes et obus de mortier ont été lancés depuis le début de l’année sur le Sud d’Israël. Le 15 novembre 2012 plus de 150 roquettes ont été lancées en un jour ne laissant parfois que quelques secondes aux habitants des villes ciblées pour courir aux abris. 

Goebbels a réussi à transmettre la haine des Juifs

Une campagne de propagande organisée est en place, qui rappelle les aspects d’une campagne puissante qui a prouvé son efficacité catastrophique. Le Dr. Josef Goebbels était Ministre de l’Illumination du Peuple et de la Propagande. Hans Fritzsche, un journaliste phare de la radio nazie le glorifiait: 

“Via la promotion d’une forme plus élevée de liberté artistique, le Ministère du Reich nouvellement créé, a essayé de guider l’art et a précisé :  » il y a deux moyens de faire une révolution : On peut tirer sur l’opposant avec des armes jusqu’à ce qu’il reconnaisse la supériorité de ceux qui ont les armes. C’est la manière simple. On peut aussi transformer une nation via une révolution de l’esprit, sans détruire l’opposant mais en gagnant en lui.

Le Dr. Goebbels mit la main sur tous les pouvoirs qui par le passé avaient fait front contre lui et l’idée d’Adolf Hitler qu’il représentait : la radio, la presse, la littérature, le théâtre, les films, ….

L’éthique du journalisme

Le journaliste a une grande responsabilité dans l’image transmise via les informations. Nous pouvons observer des questions tendancieuses ou encore des commentaires de journalistes affirmant leurs positions nettes contre le gouvernement israélien. C’est vrai qu’au nom de la liberté de la presse, les journalistes ont parfois tendance à oublier une certaine éthique professionnelle qui les oblige à vérifier les faits qu’ils avancent, à séparer l’information des commentaires, à respecter les opinions d’autrui, à respecter la dignité humaine, à ne pas glorifier la violence, à rectifier une fausse information, à protéger leurs sources, à respecter la confidentialité, à respecter les droits de l’homme, et leur indépendance. Le journaliste doit rester neutre et transmettre des informations vraies résultant de son investigation. Il doit aussi accepter des rectifications et les publier dans un espace similaire à celui consacré aux informations contestées. Cependant le lecteur usant du droit de réponse ne verra jamais celui-ci bénéficier de l’impact d’une première nouvelle qui aura frappé les esprits de manière outrancière. Le journaliste politique se mue parfois en journaliste militant. 

Sentiment de “déjà vu” 

Les campagnes de propagande du passé manipulaient les esprits principalement de manière institutionnelle, du haut vers le bas de la société. Aujourd’hui, nous pouvons observer que l’ambiance anti-juive monte de la masse vers les décideurs gouvernementaux. 

Comment pouvons-nous contribuer à réduire ce fossé énorme entre la réalité et l’image biaisée qui altère la dignité des Israéliens ainsi que celle des Juifs de par le monde ? Ce n’est qu’en se rendant dans le pays que le visiteur pourra être confronté au “choc culturel”. Citons l’exemple, en novembre 2001 au début de la seconde intifada, d’un bourgmestre de Wallonie entrant dans la vieille ville de Jérusalem. Il vit des Juifs orthodoxes, des chrétiens et des musulmans, adultes et enfants, déambulant et vivant côte à côte, normalement, comme ils le font depuis des siècles. Il découvrit cette ambiance unique, multiculturelle, multicultuelle et multilingue. Arrivé en Israël pétri des préjugés transmis par les médias occidentaux, il s’est exclamé :  » c’est tout à fait surréaliste « . 

Ce sentiment est généralement partagé par toute personne qui arrive en Israël pour la première fois. De multiples témoignages pourront le confirmer comme celui de ces visiteurs qui découvrent des médecins israéliens juifs et arabes, toutes religions confondues, soignant des victimes d’attentats et des terroristes coupables d’attaques mortelles sur des civils, parfois côte à côte dans la même chambre d’hôpital. 

Sur la seule semaine de l’action  » Pilier de Défense « , l’Armée de Défense d’Israël a fait entrer à Gaza 64 camions de nourriture et 16 camions de médicaments. 26 patients gazaouites se sont fait soigner en Israël. Mais où aurons-nous lu cette information en Belgique ? 

Le dénigrement d’Israël a décidément fait son chemin dans les esprits pour ternir aujourd’hui de manière totalement injuste la perception de cet Etat démocratique, par des pans entiers de l’opinion publique belge et internationale. 

Dans l’histoire de l’humanité, la manipulation des esprits a fortement contribué à la machine de guerre contre les juifs. Sans cette stratégie à la dimension internationale mise en place depuis plus de quarante ans, la menace sur Israël aurait-elle abouti de manière aussi totale qu’aujourd’hui ? 

Charlotte Gutman, Attachée de presse

Vous pouvez relire le chat : ici

Festival de la Paix – Discours de Charlotte Gutman – 28 octobre 2012

Mesdames, Messieurs en vos titres et qualités, 

Chers amis de la Paix en Israël 

C’est un honneur de me retrouver sur ce podium à côté de la sénatrice CD&V Mia De Schamphelaere. 

Je pense que notre communauté a besoin d’amis comme vous, les chrétiens, particulièrement de nos jours et nous l’apprécions et nous vous en remercions chaleureusement. 

Ce festival de la Paix est une initiative magnifiquepour combattre les caricatures injustes et biaisées existantes sur Israel et sur les Israéliens. Nous devons tout faire pour rétablir leur dignité et la vérité. Rappelons que l’état d’Israël est la seule démocratie du Moyen Orient.

Vous savez peut-être qu’une personne qui arrive pour la première fois en Israël, ressent ce que j’appelle « un choc culturel ». En effet, ce qu’ils découvrent n’est pas ce qu’ils attendaient en fonction des informations reçues ici en Belgique. On nous demande, où sont les chars, où sont les soldats, ils ne savaient pas que la coexistence multiculturelle est un fait dans tout le pays et que les juifs, les musulmans et les chrétiens sont tout à fait intégrés et souvent des voisins d’immeubles. 

Et quand les traductions utilisent les mauvais mots alors la propagande anti-israélienne devient encore plus efficace et plus perverse. Par exemple ; le mot anglais « settlements » a été traduit en français par « colonies » alors qu’il s’agit d’implantations qui a une toute autre connotation chez nous en Belgique, voire en Europe. Ou encore le mot « occupation » qui ne peut être utilisé que quand un envahisseur entre dans un pays souverain, ce qui à ma connaissance n’a jamais été le cas dans l’histoire d’Israël et ce depuis les Tribus d’Israël. 

C’est horrible de remarquer que cette campagne de propagande anti israélienne de niveau international et super organisée d’une manière démoniaque a fait beaucoup de dégâts pour arriver aujourd’hui à une image tout à fait biaisée du pays et de ses habitants. 

Allez en Israël et voyez par vous-mêmes. 

Je vous invite à visiter le stand de l’ORT, une ONG internationale de 132 ans, non sectaire, qui chaque année, compte plus de 250.000 étudiants dans le monde. Sachez qu’un des derniers projets était un département scientifique dans un lycée à Shaar ha Negev, à 3 kms de Gaza, où les nouveaux bâtiments ont été construits « anti-missiles ». C’est-à-dire qu’en cas d’alerte, au lieu d’avoir 15 secondes pour rejoindre les abris, les étudiants pourront désormais rester assis et le cours ou la conférence se poursuivra comme si de rien n’était. 

Vous comprendrez que les Israéliens vivent d’une manière « normale » dans un environnement tout à fait « anormal ». Ils ont toute mon admiration. 

Merci de votre attention et merci de votre amitié 

Vous pouvez aussi accédez à mon discours en Néerlandais

Charlotte Gutman

ORT

Publié dans le SHOFAR – DECEMBRE 2011

Prenez d’ores et déjà votre agenda et réservez deux heures de visite de l’exposition « Artisans et paysans du Yiddishland » qui se tient actuellement au Musée Juif de Belgique jusqu’au 22 janvier 2012.

Vous ne le regretterez pas. Vous avez le choix entre une visite directeau musée (8€/personne) ou via l’ORT Belgique (30€/personne) pour des groupes à partir de 20 personnes (en journée ou en nocturne à la demande). L’ORT vous organisera un accueil VIP et vous donnera l’occasion de soutenir cette ONG unique dans l’éducation et la formation professionnelle, que j’appelle « la fierté de notre peuple ».

Cette visite didactique est concentrée sur la situation de plus de 5,5 millions de juifs qui vivaient dans une région d’Europe de l’Est au début du siècle passé, où ils étaient assignés à résidence et y travaillaient surtout la terre. Ce voyage dans une époque révolue nous pré- sente leurs difficultés de survie en raison des diverses lois sur la « question juive » sous le régime tsariste, léniniste ou stalinien. Cette visite est aussi émouvante qu’intéressante.

L’ORT est très étroitement liée à cette exposition du fait que les photos exposées ont été trouvées il y a quelques années par Emmanuelle Polack, archiviste et co-commis- saire de l’exposition, dans les caves du siège de l’ORT France à Paris. L’exposition présente une sélection de 60 tirages modernes issus des

300 négatifs sur support de verre qui ont sur- vécu à la Seconde Guerre mondiale. En effet, les bureaux de World ORT s’étaient installés à Paris en 1933 fuyant la montée du nazisme et Berlin où World ORT était installée depuis

1921. Un livre trilingue (Yiddish, français et anglais) commémorant cette exposition est en vente au musée à 30€.

Si vous choisissez la formule via l’ORT, j’aurai le plaisir de vous présenter « L’ORT depuis

1880 à nos jours » (30 minutes) avant le pro- gramme du musée qui comprend la projection du film « Lehaïm » (40 minutes) suivie de la visite guidée de l’exposition « Artisans et pay- sans du Yiddishland » (40 minutes).

Organisez–vous via le musée ou via l’ORT, mais ne ratez surtout pascette occasion unique de rencontrer les visages de nos aïeuls qui onttra– versé une page difficile de l’histoire du peuple juif et ainsidécouvrir la contribution de l’ORT qui est avant tout d’aider les communautés dans le besoin au niveau international.

J’espère vous y accueillir très bientôt,

Charlotte Gutman-Fischgrund Présidente ORT Belgique charlotte@ortbe.org

Tél. 0497 444567

Musée Juif de Belgique

025121963

Tous les jours de 10h à 17h

Ou en nocturne à la demande. 

par Charlotte Gutman-Fischgrund

Une Bat Mitzvah inédite dans un groupe féminin de prières à Baka, Jérusalem

Publié dans le SHOFAR – DECEMBRE 2011

A la mi–juillet, nous avons été invités à la Bat Mitzvah d’une petitenièce à Jérusalem. Se trouver pendant le Shabbath à Jérusalem est un réel privilège pour celui qui peut ressentir l’atmosphère spirituelle etmystique qui y règne. Ma nièce me confirme qu’elle n’a jamais ressenti en Belgique ce qu’elle resent à Jérusalem, surtout pendant le Shabbath.

‘Shirat Sara’, un centre de prières pour femmes

La Bat Mitzvah a eu lieu au Centre ‘Shirat Sara’ fondé en 1994 et qui a adopté ce nom en 1996 suite à l’assassinat d’une membre active (Sara Duker), dans un attentat à la bombe. ‘Shirat Sara’ sous-loue une salle de prières dans un institut d’études judaïques. Les femmes orthodoxes se retrouvent pour prier et lire dans la Torah régulièrement, toutes les six semaines environ. De ce fait, cet endroit ne se substitue en aucun cas à leur synagogue. Les hommes n’y sont pas admis, sauf lors d’une Bat Mitzvah, quand les membres ouvrent leurs portes aux familles pour venir écouter la Bat Mitzvah lire dans la Torah.

Debby Sinclair, une des membres actives du groupe, précise : « Le Centre ‘Shirat Sara’ est probablement le premier groupe orthodoxe de ce genre, ouvert à toute femme qui souhaite étudier et prier entre femmes, quel que soit son niveau d’observance religieuse. Il existe dessynagogues qui permettent aux femmes de lire dans la Torah à Rosh Chodesh ou à une Bat Mitzvah mais jamais pourun service complet de prières tel qu’à ‘Shirat Sara’.

Le fait de limiter la présence des hommes s’explique d’une part par les restrictions halakhiques sur la voix des femmes ‘kol isha’ dont la source est dans le Talmud, Traîté Berakhot 24. Le nombre d’hommes est limité à neuf afin de ne pas entrer dans des considérations de mynian, le quorum de dix hommes ».

« Notre groupe répond strictement aux règles de la Halakhah, qui stipule qu’un mynian n’est constitué que d’hommes. C’est pourquoi toute prière régulière d’un office qui exige un mynian, tel le Kaddish, la répétition de Amidah (la prière silencieuse), les bénédic- tions telles que « Barekhou » ou celles avant et après l’appel à la Torah ne sont pas dites », confirme Debby Sinclair.

‘Shirat Sara’ est un groupe de femmes. Les hommes n’y sont donc pas admis. Cependant, par bonté pour la fille qui fait sa Bat Mitzvah et pour son père, les hommes de la famille peuvent y assister.

Il est évident que les ultra orthodoxes de Jérusalem (Haredi) considèrent ce mouvement comme tout à fait ‘inacceptable’ car il s’oppose à leur conception du rôle de la femme

dans le Judaïsme. Dans les groupes plus éclai- rés, nombreux sont ceux qui considèrent que c’est ‘magnifique’. La ville sainte présente actuellement de nombreux développements intéressants dans ce sens.

Dans le cadre de la publication d’un livre, Sara Friedland Ben–Arza a envoyé un question- naire à 50 rabbins pour obtenir leur opinion sur « Shirat Sara ». La réaction principale fut l’ignorance, 42 rabbins ont décidé de ne pas répondre. Sur les huit réponses, 4 furent pour et 4 contre leurs activités, sur base de règles de la Halakhah. Cependant plusieurs rabbins ont donné leur bénédiction sur la manière pru- dente et respectueuse avec laquelle l’office est organisé.

Les « Banot Tzlofrat » de la Parasha

Pinhas

La Parashat Pinhas présente, entre autres, l’histoire des « Banot Tzlofrat ». Ces cinq filles demandent que la terre de leur père décédé, leur soit donnée en héritage. Dans les socié- tés patriarcales de l’époque, la terre était uniquement héritée par les fils. Elles étaient studieuses, sages et intelligentes et ont osé demander à Moïse que leurs biens leur soient transmis. Moïse va parler à l’Eternel et don- nera raison aux sœurs. « Je pense que les filles de Tzlofrat sont un bon exemple pour une fille de 12 ans, quand on prend sur soi, la responsa- bilité de nos actions », conclut la Bat Mitzvah.

Ce jugement div in est une loi explicite. L’Eternel déclare que la manière de traiter l’héritage d’un homme qui décèderait sans avoir de fils est de donner la terre à ses filles. Et de conclure : « telle sera la Loi pour les enfants d’Israël ainsi que l’a prescrit l’Eternel à Moïse ».

Les avis sont partagés

Notre expérience fut unique et perturbante, en ce sens que quand j’ai été appelée à la Torah, j’ai ressenti une expérience spirituelle inédite.J’ai aussi ressenti un malaise de voir les hommes de la famille installés derrière des panneaux grillagés (mechitsa) et de les voir entrer et sortir en fonction du fait que si des femmes, non membres de la famille de la Bat Mitzvah, lisaient dans la Torah, les hommes devaient sortir. J’ai aussi pensé à une sorte de « revanche » des femmes sur ce que les pratiques leur ont imposé à elles, derrière les rideaux ou les panneaux, pendant les offices orthodoxes traditionnels.

Notre nouveau rabbin Marc Neiger n’est pas d’accord avec « cette séparation qui ne peut mener qu’à l’oppression, car seule la suppres- sion de telles barrières peut permettre un respect mutuel.»J’ai aussi voulu demander l’avis de notre cher rabbin Albert Dahan : « Ce qui est terrible, c’est que derrière le grillage, il ne peut y avoir que maximum neuf hommes, pour qu’il n’y ait pas mynian. On concède aux femmes le droit de prier mais comme il n’y a pas de mynian, c’est une manière de dire : votre prière n’est pas une prière. Elle ne compte pas. Rashi va plus loin, il a dit : par respect pour le public, on n’appelle pas les femmes à la Torah. ‘Respect pour le public’ signifie que s’il se trouve dans l’assemblée des hommes, un ignorant qui ne sait pas lire, et qu’une femme vienne lire, il en éprouvera de la honte et il ne convient pas qu’une femme fasse honte à un homme. C’est une ruse pour éloigner les femmes, pour ne pas leur accorder l’égalité religieuse devant l’Eternel. La Mishna précise : les hommes sont tenus de prier à temps fixes, par contre les femmes sont dispensées de tous les comman- dements positifs qui sont liés au temps ; car si, à l’heure de laprière, un enfant pleure, la femme doit s’occuper de l’enfant et Dieu lui compte comme si elle avait prié. Rabbi Dahan nous rappelle que la Loi parle de ‘dispenses’, c’est-à-dire que si la femme veut, elle peut. Or le rabbinisme va transformer cette dispense en exclusion ».

Pour le rabbin Marc Neiger : « la dispense est un artifice politiquement correct pour mettre en place une exclusion déguisée: nous n’avonsdonc pas le droit de nous cacher derrière cette dispense et nous devons accepter une égalité au moins de potentialité ».

Les avis sont partagés, n’empêche que les femmes orthodoxes de ‘Shirat Sara’ ont trouvé un moyen de prier en paix dans les limites de leurs pratiques religieuses. Humblement, elles vont au-delà de l’interprétation de certains qui veulent exclure la femme de la lecture de la Torah.

Il semble que nulle part dans la Bible, voire le Talmud, il ne soit indiqué que la lecture de la Torah soit exclusivement réservée aux hommes, même si des limitations sont claire- ment évoquées pour les femmes sans que la mise en place de ces limitations ne soit claire. C’est le point de Rashi, qui par ailleurs, a ensei- gné la Torah à ses trois filles.

Plusieurs femmes sont décrites dans les sources juives comme des exemples de savoir, de piété et de leadership. C’est le cas des « Banot Tzlofrat », ces femmes érudites et sages qui ont dédié leurs vies à leur cause et ont cherché, de manière pacifique, à obtenir un lopin de terre en terre sainte d’Israël. En ce sens les filles de Tzlofrat sont un modèle pour avoir osé parler dans un monde patriarcal qui ne les invitait pas à le faire. Ce sont elles qui ont guidé les femmes de la famille lors de cette Bat Mitzvah à Jérusalem cet été.

L’interprétation des textes bibliques sur la connexion avec le ToutPuissant a fait couler beaucoup d’encre depuis le début des temps et ne s’arrêtera pas de sitôt. 

par Charlotte Gutman-Fischgrund