Les Juifs de France auraient-ils repris leur antique position de soumission résignée ?
La voussure intellectuelle dont le sionisme les avait corrigés serait-elle en train de les courber à nouveau ?
De voir, au lendemain de l’attentat au musée juif de Bruxelles et les agressions de Créteil, certains appeler, sans grand succès évidemment, à une manifestation « digne et silencieuse » m’a profondément mortifié.
Ah ! Lorsqu’il s’agissait d’aller, après Copernic et la rue des Rosiers, hurler contre une peste brune et imaginaire, l’heure n’était ni à la dignité, encore moins au silence.
Mais maintenant que l’on sait qu’une fois de plus c’est le fascisme vert qui tenait la kalachnikov, pas questions pour les anciens braillards d’appeler un chat un chat et un islamiste, un islamiste.
La bêtise et la lâcheté, jusqu’au prochain attentat ou jusqu’à celui d’après ?
Sans vouloir offenser le Saint Père, je voudrais respectueusement, dans ces colonnes, moi le juif mécréant, apôtre de la civilisation judéo-chrétienne, dire combien m’aura affligé son arrêt devant le « mur de sécurité » près de Bethléem.
D’abord, et à un premier niveau, parce que ce qui n’est un mur que sur quelques kilomètres et une clôture électronique sur la plupart de son parcours, n’a été érigé que pour lutter – avec réel succès –contre un terrorisme que le nationalisme arabo-palestinien a érigé en culture politique mortifère.
Rien mieux que cet édifice ne montre aussi cruellement que les Palestiniens sont les premiers bâtisseurs des souffrances dont ils se plaignent.
Ensuite et surtout, parce que dans tous mes livres j’ai tenté de montrer que la Shoah avait créé, par un terrible choc en retour, une sorte de nouvelle religion laïque post-chrétienne dans laquelle les Palestiniens avaient réussi avec succès à se présenter comme le nouveau peuple juif crucifié.
C’est dans le cadre de cette nouvelle religion que l’on a vu sur la place de la mangeoire de Bethléem un enfant Jésus langé dans un keffieh.
C’est sur ce « mur » très médiatique de Judée qu’à été gravée (en anglais s’il vous plaît) la liste des crimes rituels commis par les nouveaux nazis juifs.
Voir le Pape François en dévotion affligée devant un édicule en lieu saint m’a donc moins affligé en tant que juif franco-israélien que comme citoyen du monde judéo-chrétien voyant à quel point le post-christianisme a tant triomphé des inconscients qu’il influence à présent le comportement du représentant le plus éminent, respecté et respectable de la chrétienté.
Pour terminer, ces deux nouvelles que l’on a peu de chances de trouver dans la presse hexagonale :
– L’Australie a décidé de proscrire désormais la mention « territoire occupé » pour évoquer Jérusalem. Selon le gouvernement océanien, en effet, il s’agit à la fois d’une qualification légalement injustifiée et insultante à l’égard d’Israël. Il y a peu de risque qu’en France on interprète autrement cette décision que par une vision « sionisante » d’un pays occidental et anglo-saxon. L’intoxication et la désinformation on fait leur œuvre. Qui sait encore aujourd’hui que la Jordanie a occupé en 1948 par la force des armes un territoire promis à l’internationalisation par les Nations Unies ? Qui sait que la population juive de la vieille ville a été soit massacrée, soit expulsée dans le cadre d’une épuration ethnique ? Ce rappel historique nécessaire entre deux peuples méritant mieux que les mensonges propagandistes.
– Le 30 mai les étudiants de l’université du Sussex en Angleterre ont voté pour refuser le boycott de l’Académie israélienne de la culture. Cette décision annule le vote qui avait adopté antérieurement. Il est à noter que Sari Nusseibeh, sans doute l’intellectuel arabe palestinien le plus sincèrement acquis à un partage des territoires contestés entre un Etat arabe de Palestine et Israël, État du peuple juif, s’est toujours opposé à l’ostracisation de ce dernier.
Mais en France, on n’aime pas beaucoup les bonnes nouvelles.
Gilles William Goldnadel ©
Président de France-Israël et d’Avocats Sans frontières
