Festival de la Paix – Discours de Charlotte Gutman – 28 octobre 2012

Mesdames, Messieurs en vos titres et qualités, 

Chers amis de la Paix en Israël 

C’est un honneur de me retrouver sur ce podium à côté de la sénatrice CD&V Mia De Schamphelaere. 

Je pense que notre communauté a besoin d’amis comme vous, les chrétiens, particulièrement de nos jours et nous l’apprécions et nous vous en remercions chaleureusement. 

Ce festival de la Paix est une initiative magnifiquepour combattre les caricatures injustes et biaisées existantes sur Israel et sur les Israéliens. Nous devons tout faire pour rétablir leur dignité et la vérité. Rappelons que l’état d’Israël est la seule démocratie du Moyen Orient.

Vous savez peut-être qu’une personne qui arrive pour la première fois en Israël, ressent ce que j’appelle « un choc culturel ». En effet, ce qu’ils découvrent n’est pas ce qu’ils attendaient en fonction des informations reçues ici en Belgique. On nous demande, où sont les chars, où sont les soldats, ils ne savaient pas que la coexistence multiculturelle est un fait dans tout le pays et que les juifs, les musulmans et les chrétiens sont tout à fait intégrés et souvent des voisins d’immeubles. 

Et quand les traductions utilisent les mauvais mots alors la propagande anti-israélienne devient encore plus efficace et plus perverse. Par exemple ; le mot anglais « settlements » a été traduit en français par « colonies » alors qu’il s’agit d’implantations qui a une toute autre connotation chez nous en Belgique, voire en Europe. Ou encore le mot « occupation » qui ne peut être utilisé que quand un envahisseur entre dans un pays souverain, ce qui à ma connaissance n’a jamais été le cas dans l’histoire d’Israël et ce depuis les Tribus d’Israël. 

C’est horrible de remarquer que cette campagne de propagande anti israélienne de niveau international et super organisée d’une manière démoniaque a fait beaucoup de dégâts pour arriver aujourd’hui à une image tout à fait biaisée du pays et de ses habitants. 

Allez en Israël et voyez par vous-mêmes. 

Je vous invite à visiter le stand de l’ORT, une ONG internationale de 132 ans, non sectaire, qui chaque année, compte plus de 250.000 étudiants dans le monde. Sachez qu’un des derniers projets était un département scientifique dans un lycée à Shaar ha Negev, à 3 kms de Gaza, où les nouveaux bâtiments ont été construits « anti-missiles ». C’est-à-dire qu’en cas d’alerte, au lieu d’avoir 15 secondes pour rejoindre les abris, les étudiants pourront désormais rester assis et le cours ou la conférence se poursuivra comme si de rien n’était. 

Vous comprendrez que les Israéliens vivent d’une manière « normale » dans un environnement tout à fait « anormal ». Ils ont toute mon admiration. 

Merci de votre attention et merci de votre amitié 

Vous pouvez aussi accédez à mon discours en Néerlandais

Charlotte Gutman

ORT

Publié dans le SHOFAR – DECEMBRE 2011

Prenez d’ores et déjà votre agenda et réservez deux heures de visite de l’exposition « Artisans et paysans du Yiddishland » qui se tient actuellement au Musée Juif de Belgique jusqu’au 22 janvier 2012.

Vous ne le regretterez pas. Vous avez le choix entre une visite directeau musée (8€/personne) ou via l’ORT Belgique (30€/personne) pour des groupes à partir de 20 personnes (en journée ou en nocturne à la demande). L’ORT vous organisera un accueil VIP et vous donnera l’occasion de soutenir cette ONG unique dans l’éducation et la formation professionnelle, que j’appelle « la fierté de notre peuple ».

Cette visite didactique est concentrée sur la situation de plus de 5,5 millions de juifs qui vivaient dans une région d’Europe de l’Est au début du siècle passé, où ils étaient assignés à résidence et y travaillaient surtout la terre. Ce voyage dans une époque révolue nous pré- sente leurs difficultés de survie en raison des diverses lois sur la « question juive » sous le régime tsariste, léniniste ou stalinien. Cette visite est aussi émouvante qu’intéressante.

L’ORT est très étroitement liée à cette exposition du fait que les photos exposées ont été trouvées il y a quelques années par Emmanuelle Polack, archiviste et co-commis- saire de l’exposition, dans les caves du siège de l’ORT France à Paris. L’exposition présente une sélection de 60 tirages modernes issus des

300 négatifs sur support de verre qui ont sur- vécu à la Seconde Guerre mondiale. En effet, les bureaux de World ORT s’étaient installés à Paris en 1933 fuyant la montée du nazisme et Berlin où World ORT était installée depuis

1921. Un livre trilingue (Yiddish, français et anglais) commémorant cette exposition est en vente au musée à 30€.

Si vous choisissez la formule via l’ORT, j’aurai le plaisir de vous présenter « L’ORT depuis

1880 à nos jours » (30 minutes) avant le pro- gramme du musée qui comprend la projection du film « Lehaïm » (40 minutes) suivie de la visite guidée de l’exposition « Artisans et pay- sans du Yiddishland » (40 minutes).

Organisez–vous via le musée ou via l’ORT, mais ne ratez surtout pascette occasion unique de rencontrer les visages de nos aïeuls qui onttra– versé une page difficile de l’histoire du peuple juif et ainsidécouvrir la contribution de l’ORT qui est avant tout d’aider les communautés dans le besoin au niveau international.

J’espère vous y accueillir très bientôt,

Charlotte Gutman-Fischgrund Présidente ORT Belgique charlotte@ortbe.org

Tél. 0497 444567

Musée Juif de Belgique

025121963

Tous les jours de 10h à 17h

Ou en nocturne à la demande. 

par Charlotte Gutman-Fischgrund

Une Bat Mitzvah inédite dans un groupe féminin de prières à Baka, Jérusalem

Publié dans le SHOFAR – DECEMBRE 2011

A la mi–juillet, nous avons été invités à la Bat Mitzvah d’une petitenièce à Jérusalem. Se trouver pendant le Shabbath à Jérusalem est un réel privilège pour celui qui peut ressentir l’atmosphère spirituelle etmystique qui y règne. Ma nièce me confirme qu’elle n’a jamais ressenti en Belgique ce qu’elle resent à Jérusalem, surtout pendant le Shabbath.

‘Shirat Sara’, un centre de prières pour femmes

La Bat Mitzvah a eu lieu au Centre ‘Shirat Sara’ fondé en 1994 et qui a adopté ce nom en 1996 suite à l’assassinat d’une membre active (Sara Duker), dans un attentat à la bombe. ‘Shirat Sara’ sous-loue une salle de prières dans un institut d’études judaïques. Les femmes orthodoxes se retrouvent pour prier et lire dans la Torah régulièrement, toutes les six semaines environ. De ce fait, cet endroit ne se substitue en aucun cas à leur synagogue. Les hommes n’y sont pas admis, sauf lors d’une Bat Mitzvah, quand les membres ouvrent leurs portes aux familles pour venir écouter la Bat Mitzvah lire dans la Torah.

Debby Sinclair, une des membres actives du groupe, précise : « Le Centre ‘Shirat Sara’ est probablement le premier groupe orthodoxe de ce genre, ouvert à toute femme qui souhaite étudier et prier entre femmes, quel que soit son niveau d’observance religieuse. Il existe dessynagogues qui permettent aux femmes de lire dans la Torah à Rosh Chodesh ou à une Bat Mitzvah mais jamais pourun service complet de prières tel qu’à ‘Shirat Sara’.

Le fait de limiter la présence des hommes s’explique d’une part par les restrictions halakhiques sur la voix des femmes ‘kol isha’ dont la source est dans le Talmud, Traîté Berakhot 24. Le nombre d’hommes est limité à neuf afin de ne pas entrer dans des considérations de mynian, le quorum de dix hommes ».

« Notre groupe répond strictement aux règles de la Halakhah, qui stipule qu’un mynian n’est constitué que d’hommes. C’est pourquoi toute prière régulière d’un office qui exige un mynian, tel le Kaddish, la répétition de Amidah (la prière silencieuse), les bénédic- tions telles que « Barekhou » ou celles avant et après l’appel à la Torah ne sont pas dites », confirme Debby Sinclair.

‘Shirat Sara’ est un groupe de femmes. Les hommes n’y sont donc pas admis. Cependant, par bonté pour la fille qui fait sa Bat Mitzvah et pour son père, les hommes de la famille peuvent y assister.

Il est évident que les ultra orthodoxes de Jérusalem (Haredi) considèrent ce mouvement comme tout à fait ‘inacceptable’ car il s’oppose à leur conception du rôle de la femme

dans le Judaïsme. Dans les groupes plus éclai- rés, nombreux sont ceux qui considèrent que c’est ‘magnifique’. La ville sainte présente actuellement de nombreux développements intéressants dans ce sens.

Dans le cadre de la publication d’un livre, Sara Friedland Ben–Arza a envoyé un question- naire à 50 rabbins pour obtenir leur opinion sur « Shirat Sara ». La réaction principale fut l’ignorance, 42 rabbins ont décidé de ne pas répondre. Sur les huit réponses, 4 furent pour et 4 contre leurs activités, sur base de règles de la Halakhah. Cependant plusieurs rabbins ont donné leur bénédiction sur la manière pru- dente et respectueuse avec laquelle l’office est organisé.

Les « Banot Tzlofrat » de la Parasha

Pinhas

La Parashat Pinhas présente, entre autres, l’histoire des « Banot Tzlofrat ». Ces cinq filles demandent que la terre de leur père décédé, leur soit donnée en héritage. Dans les socié- tés patriarcales de l’époque, la terre était uniquement héritée par les fils. Elles étaient studieuses, sages et intelligentes et ont osé demander à Moïse que leurs biens leur soient transmis. Moïse va parler à l’Eternel et don- nera raison aux sœurs. « Je pense que les filles de Tzlofrat sont un bon exemple pour une fille de 12 ans, quand on prend sur soi, la responsa- bilité de nos actions », conclut la Bat Mitzvah.

Ce jugement div in est une loi explicite. L’Eternel déclare que la manière de traiter l’héritage d’un homme qui décèderait sans avoir de fils est de donner la terre à ses filles. Et de conclure : « telle sera la Loi pour les enfants d’Israël ainsi que l’a prescrit l’Eternel à Moïse ».

Les avis sont partagés

Notre expérience fut unique et perturbante, en ce sens que quand j’ai été appelée à la Torah, j’ai ressenti une expérience spirituelle inédite.J’ai aussi ressenti un malaise de voir les hommes de la famille installés derrière des panneaux grillagés (mechitsa) et de les voir entrer et sortir en fonction du fait que si des femmes, non membres de la famille de la Bat Mitzvah, lisaient dans la Torah, les hommes devaient sortir. J’ai aussi pensé à une sorte de « revanche » des femmes sur ce que les pratiques leur ont imposé à elles, derrière les rideaux ou les panneaux, pendant les offices orthodoxes traditionnels.

Notre nouveau rabbin Marc Neiger n’est pas d’accord avec « cette séparation qui ne peut mener qu’à l’oppression, car seule la suppres- sion de telles barrières peut permettre un respect mutuel.»J’ai aussi voulu demander l’avis de notre cher rabbin Albert Dahan : « Ce qui est terrible, c’est que derrière le grillage, il ne peut y avoir que maximum neuf hommes, pour qu’il n’y ait pas mynian. On concède aux femmes le droit de prier mais comme il n’y a pas de mynian, c’est une manière de dire : votre prière n’est pas une prière. Elle ne compte pas. Rashi va plus loin, il a dit : par respect pour le public, on n’appelle pas les femmes à la Torah. ‘Respect pour le public’ signifie que s’il se trouve dans l’assemblée des hommes, un ignorant qui ne sait pas lire, et qu’une femme vienne lire, il en éprouvera de la honte et il ne convient pas qu’une femme fasse honte à un homme. C’est une ruse pour éloigner les femmes, pour ne pas leur accorder l’égalité religieuse devant l’Eternel. La Mishna précise : les hommes sont tenus de prier à temps fixes, par contre les femmes sont dispensées de tous les comman- dements positifs qui sont liés au temps ; car si, à l’heure de laprière, un enfant pleure, la femme doit s’occuper de l’enfant et Dieu lui compte comme si elle avait prié. Rabbi Dahan nous rappelle que la Loi parle de ‘dispenses’, c’est-à-dire que si la femme veut, elle peut. Or le rabbinisme va transformer cette dispense en exclusion ».

Pour le rabbin Marc Neiger : « la dispense est un artifice politiquement correct pour mettre en place une exclusion déguisée: nous n’avonsdonc pas le droit de nous cacher derrière cette dispense et nous devons accepter une égalité au moins de potentialité ».

Les avis sont partagés, n’empêche que les femmes orthodoxes de ‘Shirat Sara’ ont trouvé un moyen de prier en paix dans les limites de leurs pratiques religieuses. Humblement, elles vont au-delà de l’interprétation de certains qui veulent exclure la femme de la lecture de la Torah.

Il semble que nulle part dans la Bible, voire le Talmud, il ne soit indiqué que la lecture de la Torah soit exclusivement réservée aux hommes, même si des limitations sont claire- ment évoquées pour les femmes sans que la mise en place de ces limitations ne soit claire. C’est le point de Rashi, qui par ailleurs, a ensei- gné la Torah à ses trois filles.

Plusieurs femmes sont décrites dans les sources juives comme des exemples de savoir, de piété et de leadership. C’est le cas des « Banot Tzlofrat », ces femmes érudites et sages qui ont dédié leurs vies à leur cause et ont cherché, de manière pacifique, à obtenir un lopin de terre en terre sainte d’Israël. En ce sens les filles de Tzlofrat sont un modèle pour avoir osé parler dans un monde patriarcal qui ne les invitait pas à le faire. Ce sont elles qui ont guidé les femmes de la famille lors de cette Bat Mitzvah à Jérusalem cet été.

L’interprétation des textes bibliques sur la connexion avec le ToutPuissant a fait couler beaucoup d’encre depuis le début des temps et ne s’arrêtera pas de sitôt. 

par Charlotte Gutman-Fischgrund